Mektild se présente à vous, ouvrez grands vos mirettes !

Il était temps. Enfin… ma délivrance. La libération attendue. Ce moment tant espéré est enfin à porté de main. Il ne me reste plus qu’à accomplir quelques petites formalités et.. je serais de retour. Mes frères et sœurs savent certainement ce que je suis en train de comploter, mais rares sont ceux encore fidèles à Jakar. Nous savons tous ce qu’il a répandu sur le continent comme idioties. Notre père.. Comme s’il avait une once de pouvoir en lui ! Il n’a rien alors pour faire croire à sa supériorité, il ruse. Il ment aux esprits purs, et maintenant tous les hommes croient en lui. Il est leur seul et unique dieu.
Heureusement, quelques individus, en marge de la société croient encore à notre existence. Mais à quel prix ? Nous somme devenus quelques jurons, des paroles sans véritable sens ! Plus aucun sacrifice, plus aucune preuve de force pour simplement prouver que ces humains nous sont reconnaissants. Jakar a été très fort, mais c’est fini.
En ouvrant la porte pour permettre aux démons d’envahir leur monde, ces Ombres, ont aussi ouvert notre cage, alors me voici.
Moi Kridj, Dieu de la guerre, vais leur montrer ce que ce sont des dieux. Je rétablirais l’ordre, dans le sang s’il le faut, et cette fois-ci aucune parole ne fera oublier mes actes. On ne me fera pas deux fois le même coup.


De longues années au paravent. Une faille, nait de la négligence des Dieux. Il est vrai qu’ils n’avaient pas toujours pris soin des humains, ils préféraient s’occuper de ce qu’ils aimaient, et chacun faisait fleurir ce monde comme il l’entendait. Mais face à cette menace d’invasion, seul Jakar, le plus fin d’esprit, et celui que tous méprisaient, réagit. Il prit essence humaine, tout comme les démons. Il créa un pacte et intervient directement dans la vie des humains.
Mais seul il savait qu’il n’y arriverait pas, alors il fit appel aux autres. A tous. Mais pour se matérialiser, ils devaient se partager une même enveloppe corporelle, ce qui fut difficile. Cependant, cette personne, vivant dans l’ombre, a permis de faire apparaitre Jakar comme un sauveur. Grâce à cette aura de Dieux, il a pu ramener les hommes à sa cause, et se battre. Chaque dieu apporta son aide, et la bataille fut remportée, mais la guerre n’était pas terminée.
Surtout que Jakar, fier de son emprise sur les hommes décida de renvoyer les autres Dieux, refermant le portail ainsi crée. Dieux et démons d’un côté, hommes de l’autre.
Et Jakar ? Est-il resté chez les humain ? Dans ce cas.. est-il toujours en vie ? Est-il redevenu le dieu que tous ses confrères le monde ignorent ? Nul ne sait vraiment



La jeune femme regarde le miroir devant elle. Un bref instant elle s’arrête, surprise par son reflet. Elle lève la main jusqu’à son visage, comme pour s’en assurer. Oui c’est bien elle… Elle avait fondu. Ses formes plutôt rondes avaient disparues, laissant maintenant un visage fin. Mais pour le moment elle paraissait vivante, et pas encore affamée, ce qui était pourtant le cas. Ce qui devenait rare. Ses cheveux s’étaient encore plus éclaircis, ils étaient devenus pales comme du sable blanc, et pire encore : ses boucles avaient disparues. Ce qui faisait sa fierté avait maintenant disparu. Metkild passa les mains dans ses cheveux totalement lisses, coupé au dessus des épaules : la longueur nécessaire pour survivre au froid des nuits, et assez court pour ne pas avoir trop chaud le jour.
Le jeune femme, plongea son regard, délavé lui aussi, dans son reflet une dernière fois. Elle avait l’impression de devenir de plus en plus terne… Ses vêtements s’étaient allégés, étant dorénavant de simples étoffes privées de couleurs, couvrant partiellement son corps. Et pratique, car maintenant elle avait besoin de vêtements près du corps, ce qui mettait en valeur sa silhouette fine, mais toujours bien dotée. Maintenant qu’elle se dépensait et ne souffrait plus de ces importantes variation de températures, elle se doutait qu’elle deviendrait rapidement une proie. Une fille qui reste aussi séduisante parmi des anorexiques et autres cadavres vivants, ne demeure pas inaperçue bien longtemps. Mais se défendre n’est plus un problème…
Plus depuis qu’elle est Kridj.



La fin de la guerre… Réussir à éliminer ces démons n’a pas été une mince affaire, mais les humains ont été étonnants, plein de surprises. Nous avions gagné. Moi et mes frères et sœurs, dans le même corps, étions rempli d’allégresse. Nous avions réussit ! Notre monde redeviendrait le jardin qu’il était avant. Nous ne réfléchissions pas, nous ne voulions pas changer. Et quand bien même, nous ne pensions pas encore au futur.
Contrairement à Jakar.
Il avait tout prévu, avant même qu’on referme le portail.
Ce traitre avait signé de son sang le pacte. Les portes étaient scellées. Personne ne pourrait plus arriver dans le monde des humains, si ce n’est un humain. Seule Krewny pouvait donner la vie. Elle pouvait faire passer les énergies, influencer les âmes. Sa bonté avait toujours été la plus grande. Elle avait toujours voulu le meilleur pour les hommes, même avant la guerre. C’est pour cela que le pacte est adouci pour elle.
Une fois notre enveloppe corporelle morte, nous somme allés directement derrière la barrière..

En fait, on était déjà de retour de l’autre côté avant qu’elle ne se ferme. Et nous l’ignorions.
Voyant la victoire assurée, Jakar nous a tués petit à petit. Un à un.

Au début nous n’avions rien remarqué, mais lorsqu’on n’était plus que 3 dans le corps, cela nous semblait anormalement vide, et nous avons su que quelque chose n’allait pas.

J’étais le dernier.
C’est pour ça que je sais. Jakar a profité de l’absence des plus sages et doués de parole d’entre nous pour influencer ses fidèles. Tout a été très rapide, et malheureusement, j’étais plus doué avec les armes qu’avec les mots. Mon aura était bien moins puissante que celle de Fal (dieu de la mort), et de tous les autres confondus. Peu de personnes prêtèrent oreille à mes paroles, et ce sont eux qui aujourd’hui sont bannis de la société, et continuent de croire en moi.
Jakar a ramassé les fleurs.
Il s’est attribué tout le mérite. L’ombre fidèle que nous étions, lui avait permis de réussir, car sans nous, il aurait été égorgé au premier humain rencontré. Mais une ombre reste une ombre, et peu de personnes la remarquent. Jakar était dans la lumière et tous étaient éblouis par ce qu’il irradiait. Alors quand je suis parti, lorsque le corps de mon hôte a cessé de respirer, lorsque son cœur s’est tu, j’ai su que nous tous plongerions dans un gouffre sans fond.

Nos pouvoirs étaient toujours là, mais inutiles.
Comment aider des gens qui ne croient pas en nous ? Personne pour nous représenter, personne pour nous forcer à prendre position. Tous les humains étaient identiques, alors nous ne pouvions choisir d’en aider qu’une certaine partie.
Nous pouvions seulement regarder.
Fal et Krewny réussissaient à passer leurs bras au travers des barreaux, eux seuls savaient influencer les humains, quels qu’ils soient. Eux décidaient du monde, des vivants et des morts. Mais leurs travaux étaient ignorés. Personne ne leur offrait de fleur odorante en guise de remerciement. Je sais que cette absence de réaction est ce qu’il y a de pire. On aurait été haï, on aurait continué d’exister de par le regard des autres. Mais là…. Personne ne sait qu’on existe. Alors, existe-t-on ?
Nous avons dépéris lentement, à notre rythme. Observant avec attention les rares, qui levaient parfois les yeux vers nous, persuadés qu’on les écoutait, et les aidait. En effet, parfois on leur donnait un peu d’aide, mais rien de significatif.
Moi aussi je me serais dissout dans l’immensité qui nous sert de prison, si je n’avais été combatif. Je n’ai jamais aimé les défaites. Je ne suis pas Dieu de la guerre pour rien. Si les hommes ne se battent plus, les dieux peuvent encore le faire. J’ai tout étudié. Le pacte, ce qui nous retenait enfermé. Les humains et leurs stratégies. Les assassins et les ombres. Leur volonté de ramener Imorkhane.
Ils finiraient par réussir à rouvrir le portail.

Imorkhane n’était qu’une légende, délicieuse légende. Crée de toute pièce par Jakar, mais tous l’ignorent. Il avait besoin d’un ennemi pour que tous les hommes se battent côte à côte, alors il a réunis les démons derrière une seule créature. L’a-t-il vraiment crée en chaire et en os... ? J’en doute.
Mais ce qui est sur c’est que Jakar avait trop de foi dans les hommes, et que ceux-ci, avides de destructions ont anéanti ce que nous avions crée. Maintenant que le portail est entrouvert, les âmes les plus perfides peuvent se faufiler. Les démons ont eux aussi évolués, alors je sais qu’il faudra établir une nouvelle stratégie, eux non plus ne se laisseront plus jamais enfermer.


Mais maintenant je suis elle.
Cette fille a toujours cru aux Dieux, en moi et mes confrères. Me faire accepter n’a pas été dur, surtout que je lui évitais la mort. Ou pire…
Alors maintenant je suis elle. Je suis comme aux commandes. Mais elle est une femme. Mais malgré tout, nous nous complétons parfaitement. Je lui apporte volonté et force, lorsqu’elle est rapide et instinctive. Je réfléchis et établis des plans, et elle vit.
Si tuer au début provoquait en elle une révulsion exceptionnelle, que je ne pouvais contrôler, elle a finit par se calmer. Je lui ai dit que la vie offerte par Krewny était un présent en effet, mais que les âmes mortes n’étaient pas en reste. Je suis semblable au dieu de la mort, sauf que moi j’interviens violemment, je raccourcis les vies de ceux qui n’ont pas la foi, qui ne savent pas où sont leur priorités, qui ne savent pas faire les bons choix.
Elle sait maintenant que cette violence n’en est pas réellement. Je lui ai montré ce qu’il y avait la mort, je lui ai montré Fal, celui qui supportait les morts, sa bonté, et elle a accepté.




Le silhouette solitaire et emmitouflée de Metkild s’éloigne d'une démarche souple, guidée par la lune. Ses pas la mène vers la suite de son destin. Tout reste à écrire. Rien n'ai su à l'avance... Elle laisse derrière elle un cadavre encore chaud, et elle sait que c'est loin d'être le dernier. Se faire de fervents partisans est loin d’être aisé. Beaucoup ont perdu la foi, alors la violence est le seul moyen. Au moins pour obtenir des résultats immédiats.
Alors pour le moment elle marche. De lieux en lieux, se dirigeant vers son but ultime. Elle s'arrête le jour afin de rallier les gens à sa cause, et le soir, comme de nombreux voyageurs, elle chemine.
Mais pour le moment elle est seule. Le paysage qui l'entour est celui de la désolation.

Il est grand temps de prendre son destin en main.